Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/102

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manier la braise de l’amour sans se laisser incendier, mais on se brûle le bout des doigts. Cela irrite et fait mal. Donc, je l’avoue, j’ai eu la colère de l’homme piqué par une guêpe. Voilà tout. Je ne craindrais pas un nouvel assaut ; mais se battre contre un tel ennemi est si puéril que je ne m’exposerai pas à une nouvelle piqûre. Je dois respecter la guêpe à cause de vous ; je ne puis l’écraser. Cette bataille à coups d’éventail me ferait faire la figure d’un sot. Je ne désire pas la renouveler ; mon indignation est passée. Je m’en vais tranquille, comme vous voyez. Dormez tranquille aussi ; je vous jure bien que mademoiselle Dietrich ne fera pas le malheur de ma vie, et que dans deux heures, en corrigeant mes épreuves, je ne me tromperai pas d’une virgule.

Je le voyais calme en effet ; nous nous séparâmes.

Quand je rentrai dans le bal, Césarine dansait avec le marquis de Rivonnière et paraissait fort gaie.

Le lendemain, elle vint me trouver chez moi.

— Sais-tu la nouvelle du bal ? me dit-elle. On a trouvé mauvais que je fusse couverte de diamants. Tous les hommes m’ont dit que je n’en avais pas encore assez, puisque cela me va si bien ; mais toutes les femmes ont boudé parce que j’en avais plus qu’elles, et mes bonnes amies m’ont dit d’un air de tendre sollicitude que j’avais tort, étant une demoiselle, d’afficher un luxe de femme. J’ai répondu ce que j’avais résolu de répondre :

« Je suis majeure d’aujourd’hui, et je ne suis pas encore sûre de vouloir jamais me marier. J’ai des