Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/103

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diamants qui attendent peut-être en vain le jour de mes noces et qui s’ennuient de briller dans une armoire. Je leur donne la volée aujourd’hui, puisque c’est fête, et, s’ils m’enlaidissent, je les remettrai en prison. Trouvez-vous qu’ils m’enlaidissent ? »

Cette question m’a fait recueillir des compliments en pluie ; mais de la part de mes bonnes amies c’était de la pluie glacée. Dès lors j’ai vu que mon triomphe était complet, et mes écrins ne seront pas mis en pénitence.

— J’aurais cru, lui dis-je, que vous auriez quelque chose de plus sérieux à me raconter.

— Non, ceci est ce qu’il y a eu de plus sérieux dans mon anniversaire.

— Pas selon moi. Le rendez-vous donné à mon neveu est une plaisanterie, je le sais, mais elle est blâmable, et vous m’en voyez fort mécontente.

Césarine n’était pas habituée aux reproches sous cette forme directe, toute la préoccupation de sa vie étant de faire à sa tête sans laisser de prétexte au blâme. Elle fut comme stupéfaite et fixa sur moi ses grands yeux bleus sans trouver une parole pour confondre mon audace.

— Ma chère enfant, lui dis-je, ce n’est pas votre institutrice qui vous parle, je ne le suis plus. Vous voilà maîtresse de vous-même, émancipée de toute contrainte, et, comme votre père a dû vous dire que désormais je n’accepterais plus d’honoraires pour une éducation terminée, il n’y a plus entre vous et moi que les liens de l’amitié.