Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/107

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— Tais-toi, m’écriai-je, tu mens, et cela est pire que tout !

— Depuis quand, répliqua-t-elle en se levant avec une sorte de majesté, me croyez-vous capable de descendre au mensonge ? Vous voulez tout savoir : sachez tout ! J’aime Paul Gilbert, et je veux l’épouser.

— Miséricorde ! m’écriai-je ; voici bien une autre idée ! Assez, ma pauvre enfant ! ne devenez pas folle pour vous justifier d’être coupable.

— Qu’est-ce que mon idée a donc de si étrange et de si délirant ? ne suis-je pas en âge de savoir ce que je pense et ne suis-je pas libre d’aimer qui me plaît ? Tenez, vous allez voir !

Et elle s’élança vers son père, qui venait nous chercher pour nous faire faire le tour du lac.

— Écoute, mon père chéri, lui dit-elle en lui jetant ses bras autour du cou ; il ne s’agit pas de me promener, il s’agit de me marier. Y consens-tu ?

— Oui, si tu aimes quelqu’un, répondit-il sans hésite.

— J’aime quelqu’un.

— Ah ! le marquis…

— Pas du tout, il n’est pas marquis, celui qui me plaît. Il n’a pas de titre ; ça t’est bien égal ?

— Parfaitement.

— Et il n’est pas riche, il n’a rien. Ça ne te fait rien non plus ?

— Rien du tout ; mais alors je le veux pur, intelligent, laborieux, homme de mérite réel et sérieux en un mot.