Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/106

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conséquent, je ne te pardonnerai que si tu te repens.

Je n’avais jamais parlé ainsi à Césarine, elle fut brisée par ma sévérité ; je la vis pâlir de chagrin, de honte et de dépit. Elle essaya encore de lutter.

— Voilà des paroles bien dures, dit-elle avec effort, car ses lèvres tremblaient, et ses paroles étaient comme bégayées ; je ne reçois pas d’ordres, tu le sais, et je me regarde comme dégagée de tout devoir quand on veut m’en faire une loi.

— Je t’en ferai au moins une condition : si tu ne me donnes pas ta parole d’honneur de renoncer à ton méchant dessein, je sors d’ici à l’instant même pour n’y rentrer jamais.

Elle fondit en larmes.

— Je vois ce que c’est, s’écria-t-elle ; tu cherches un prétexte pour t’en aller. Tu n’as plus ni indulgence ni tendresse pour moi. Tu fais tout ce que tu peux pour m’irriter, afin que je m’oublie, que je te dise une mauvaise parole, et que tu puisses te dire offensée. Eh bien ! voici tout ce que je te dirai :

» Tu es cruelle et tu me brises le cœur. C’est l’ouvrage de M. Paul ; il ne m’a pas comprise, il est mon ennemi, il m’a calomniée auprès de toi. Il était jaloux de ton affection, il la voulait pour lui seul. Le voilà content, puisqu’il me l’a fait perdre. Alors, puisque c’est ainsi, écoute ma justification et retire ta malédiction. Ton Paul n’était pas un jouet pour moi, je voulais sérieusement son amitié. Tout en la lui demandant, je sentais la mienne éclore si vive, si soudaine, que c’était peut-être de l’amour !