Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/110

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vous à ce mariage, si l’intention de Césarine devenait sérieuse ? Cela pourrait arriver, et quant à moi je ne pense pas qu’elle pût faire un meilleur choix. M. Gilbert est jeune, mais je retire mon mot, il n’est point un enfant. Sa fière attitude vis-à-vis de nous, ses lettres que vous m’avez montrées, son courage au travail, l’espèce de stoïcisme qui le distingue, enfin les renseignements très-sérieux et venant de haut que, sans les chercher, j’ai recueillis hier sur son compte, voilà bien des considérations, sans parler de sa famille, qui est respectable et distinguée, sans parler d’une chose qui a pourtant un très-grand poids dans mon esprit, sa parenté avec vous, les conseils qu’il a reçus de vous. Pour refuser aussi nettement que vous venez de le faire, il faut qu’il y ait une raison majeure. Il ne vous plaît peut-être pas de me la dire devant ma fille, vous me la direz, à moi…

— Tout de suite, s’écria Césarine en sortant avec impétuosité.

— Oui, tout de suite, reprit M. Dietrich en refermant la porte derrière elle. Avec Césarine, il ne faut laisser couver aucune étincelle sous la cendre. Craignez-vous d’être accusée d’ambition et de savoir-faire ?

— Oui, monsieur, il y a cela d’abord.

— Vous êtes au-dessus…

— On n’est au-dessus de rien dans ce monde. Qui me connaît assez pour me disculper de toute préméditation, de toute intrigue ? Fort peu de gens ; je suis dans une position trop secondaire pour avoir beaucoup