à tous autres égards assez nulle, mais elle recevait avec politesse et discrétion, ne parlant guère et agissant beaucoup, toujours en vue du bien-être de ses hôtes.
M. Dietrich aîné, le père de Césarine, était un homme actif, énergique, habile et obstiné. Son irréprochable probité et son succès soutenu lui donnaient un peu d’orgueil et une certaine dureté apparente avec les autres hommes. Il se souciait plus d’être estimé et respecté que d’être aimé ; mais avec sa fille, sa sœur et avec moi il fut toujours d’une bonté parfaite et même délicate et courtoise.
Je me trouvai donc aussi heureuse que possible dans ma nouvelle condition, j’y fus appréciée, et je pus envisager avec une certaine sécurité l’avenir de mon filleul.
L’hôtel Dietrich était une des plus belles villas du nouveau Paris, dans le voisinage du bois de Boulogne et dans un retrait de jardins assez bien choisi pour qu’on n’y fût pas incommodé par la poussière et le bruit des chevaux et des voitures. Au milieu d’une population affolée de luxe et de mouvement, on trouvait l’ombre, la solitude et un silence relatif derrière les grilles et les massifs de verdure de notre petit parc. Ce n’était certes pas la campagne, et il était difficile d’oublier qu’on n’y était pas ; mais c’était comme un boudoir mystérieux, séparé du tumulte par un rideau de feuilles et de fleurs.
La défunte madame Dietrich avait aimé le monde, elle avait beaucoup reçu, donné de beaux dîners,