Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/138

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Votre amitié, c’est tout ce que je demande, je sais bien que je ne mérite pas davantage ; mais que je vous voie tous les jours, et je serai contente. »

Voilà comment je me suis lié à Marguerite, d’un lien fragile en apparence, sérieux en réalité, car… mais je vous en ai dit assez pour aujourd’hui, ma bonne tante ! J’entends la sonnette, qui m’avertit d’une visite d’affaires. Si vous voulez tout savoir,… venez demain chez moi.

— Chez toi ? Tu as donc un chez toi à présent ?

— Oui, j’ai loué rue d’Assas un petit appartement où travaillent toujours ensemble Marguerite et madame Féron, l’ouvrière qui l’a recueillie et qui s’est attachée à elle. J’y vais le soir seulement ; mais demain nous aurons congé dès midi, et si vous voulez être chez nous à une heure, vous m’y trouverez.

Le lendemain à l’heure dite, je fus au numéro de la rue d’Assas qu’il m’avait donné par écrit. Je demandai au concierge mademoiselle Féron, raccommodeuse de dentelles, et je montai au troisième. Paul m’attendait sur le palier, portant dans ses bras un gros enfant d’environ un an, frais comme une rose, beau comme sa mère, laquelle se tenait, émue et craintive, sur la porte. Paul mit son fils dans mes bras en me disant :

— Embrassez-le, bénissez-le, ma tante ; à présent vous savez toute mon histoire.

J’étais attendrie et pourtant mécontente. La brusque révélation d’un secret si bien gardé remettait en question pour moi l’avenir logique que j’eusse pu rêver