Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/165

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c’est à moi d’exécuter vos ordres, si vous en avez à me donner pour demain.

— Je m’entendrai avec mademoiselle Césarine ; merci et bonsoir, Bertrand.

Ainsi, malgré le temps écoulé, trois semaines environ depuis ses menaces, le marquis ne s’était pas désisté de ses projets de vengeance. Il m’avait dit la vérité en m’assurant qu’il était capable de garder sa colère jusqu’à ce qu’elle fût assouvie, comme il gardait son amour sans espérance. C’était donc un homme redoutable, ni fou ni méchant peut-être, mais incapable de gouverner ses passions. Il avait parlé de meurtre sans provocation comme d’une chose de droit, et il savait maintenant de qui Césarine était éprise ! Je recommençai à maudire le terrible caprice qu’elle avait été près de me faire accepter. Je résolus d’avertir M. Dietrich, et j’attendis qu’il fût rentré pour l’arrêter au passage et lui dire tout ce qui s’était passé, sans oublier le rapport que m’avait fait Bertrand.

— Il faut, lui dis-je en terminant, que vous interveniez dans tout ceci. Moi, je ne peux rien ; je ne puis éloigner mon neveu ; son travail le cloue à Paris ; et d’ailleurs, si je lui disais qu’on le menace, il s’acharnerait d’autant plus à braver une haine qu’il jugerait ridicule, mais que je crois très-sérieuse. Je n’ai plus aucun empire sur Césarine. Vous êtes son père, vous pouvez l’emmener ; moi, je vais avertir la police pour qu’on surveille les déguisements et les démarches de M. de Rivonnière.