Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/168

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server le droit de revenir. Cette fois vous avez négligé une formalité dont je ne dispense personne ; vous avez cessé de nous voir parce que cela vous plaisait ; vous revenez parce que cela vous plaît. Moi, ces façons-là me déplaisent. J’aime à savoir si les gens que je reçois me sont amis ou ennemis ; s’ils sont dans le dernier cas, je ne les admets qu’en me tenant sur mes gardes ; veuillez donc dire sur quel pied je dois être avec vous ; mettez-y du courage et de la franchise, mais ne comptez en aucun cas que je tolérerais le plus petit manque d’égards.

Étourdi de cette semonce, le marquis essaya de se justifier ; il prétendit qu’il s’était absenté réellement, qu’il avait envoyé une carte P. P. C., ce qui n’était pas vrai, et, comme il ne savait pas mentir, sa raillerie intérieure se changea en confusion et en dépit.

M. Dietrich, qui avait gardé le silence, prit alors la parole.

— Monsieur le marquis, lui dit-il après avoir sonné pour défendre d’introduire d’autres visites, vous êtes venu chercher une explication que j’allais vous demander ce matin. Vous vous êtes fait passer pour absent, et vous n’avez pas quitté Paris. Autant que ma fille, j’ai le droit de trouver étrange que vous n’ayez pas su nous donner un prétexte de votre disparition ; mais mon étonnement est encore plus profond et plus sérieux que le sien, car je sais ce qu’elle ignore : vous vous êtes constitué son surveillant, je ne veux pas me servir d’un mot plus juste peut-être, mais trop cruel. Votre excuse est sans doute dans une