Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/170

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moi-même. Je me retire pour attendre chez moi les ordres qu’il vous plaira de me donner.

— C’est bien fait ! s’écria Césarine dès qu’il fut sorti. Merci, mon père ! tu as fait respecter ta fille !

— Malheureuse enfant ! lui dis-je avec une vivacité que je ne pus maîtriser, tu ne songes qu’à toi. Tu ne vois pas qu’il y a un duel au bout de cette explication, et que ta folie place ton père en face de l’épée d’un homme exaspéré par toi ?

Césarine pâlit, et se jetant au cou de son père :

— Ce n’est pas vrai, cela ! s’écria-t-elle ; dis que ce n’est pas vrai, ou je meurs !

— Ce n’est pas vrai, répondit M. Dietrich. Notre amie s’exagère mon devoir et mes intentions. Si M. de Rivonnière se le tient pour dit, l’incident est vidé ; sinon…

— Ah ! oui, voilà ! sinon ! Mon père, tu me mets au désespoir, tu me rends folle !

— Il faut être calme, ma fille ; je suis jeune encore et, dans une question d’honneur, un homme en vaut un autre. J’aurais mauvaise grâce à me plaindre de ta conduite, puisque je n’ai pas su faire prévaloir mon autorité et te forcer à la prudence. Je dois accepter les conséquences de ma tendresse pour toi ; je les accepte.

Il se dégagea doucement de ses bras et sortit. Elle fut véritablement suffoquée par les pleurs, et me jura qu’elle ne sortirait plus jamais seule pour ne pas exposer son père à porter la peine de ses excentricités.