Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/176

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vous. Dites-lui que vous n’avez d’autre ambition que celle de jouer avec moi le rôle d’ange gardien. Justifiez-vous, donnez lui votre parole pour l’avenir et laissez-moi vous réconcilier. Ce ne sera pas difficile ; il vous aime tant, mon pauvre père ! il est si malheureux d’être brouillé avec vous !

Le marquis hésitait à prendre des engagements avec M. Dietrich. Césarine pleura tant et si bien qu’il promit de venir à l’hôtel le soir même, et qu’il y vint.

Elle avait exigé mon silence sur cette entrevue si habilement amenée, et elle voulait que le marquis vînt chez elle comme de lui-même.

J’hésitais à tromper M. Dietrich.

— Peux-tu me blâmer ? s’écria-t-elle. Tout ce que j’ai imaginé pour préserver la vie de mon père devrait te sembler une tâche sacrée, que j’ai combinée avec énergie et menée à bien avec adresse et dévouement. Si j’eusse suivi ton conseil de me tenir tranquille, de me cacher, de ne plus faire ce que tu appelles mes imprudences, le ressentiment de ces deux hommes s’éternisait et amenait tôt ou tard un éclat. Grâce à moi, ils vont s’aimer plus que jamais, et tu seras à jamais tranquille pour ton neveu. M. de Rivonnière n’est pas si chevaleresque et si généreux que je le lui ai dit. Il a les instincts d’un tigre sous son air charmant ; mais j’arriverai à le rendre tel qu’il doit être, et je lui aurai rendu un grand service dont il me saura gré plus tard. Quand on ne peut pas combattre une bête féroce, on la séduit et l’apprivoise. J’ai fait une grande faute le jour où j’ai perdu