Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/187

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dois savoir si elle est pardonnable, et si elle ne s’est pas vantée en prétendant avoir refusé vos dons. Confessez-vous, il y va de l’honneur.

— Alors j’avouerai, puisqu’elle a eu l’imprudence de parler.

Et il raconte comme quoi, dans un moment où il voulait guérir de son amour pour mademoiselle Dietrich, il avait erré comme un fou, au hasard, aux environs de Paris, sur les bords de la Seine, avec de grandes velléités de suicide. Là, il avait rencontré cette fille, dont la beauté l’avait frappé, et qui, maltraitée chez sa mère, s’était laissée enlever. Pour ne pas se compromettre, il s’était donné le premier nom venu, et, pour lui inspirer de la confiance, il s’était fait passer pour un pauvre étudiant en situation de l’épouser. Il l’avait logée dans une petite maison de campagne de la banlieue où il allait la voir en secret, dans une tenue appropriée à son mensonge, et où elle ne se montrait à personne. Elle était modeste, et sans autre ambition que celle de se marier avec lui, quelque pauvre qu’il pût être. Ce commerce avait duré quelques semaines. Une affaire ayant appelé le marquis dans ses terres de Normandie, il avait appris que Césarine était à Trouville. Il s’était repris de passion pour elle en la revoyant. Il avait envoyé Dubois, son homme de confiance, à Marguerite, pour lui annoncer le mariage de Jules Morin, et lui remettre un portefeuille de cinquante mille francs qu’elle avait jeté au nez du porteur en disant :

— Il m’a trompée, puisqu’il est riche. Je le méprise,