dites-lui que je ne l’aime plus et ne le reverrai jamais. Dubois avait cru ne pas devoir se hâter de transmettre la réponse à son maître, d’autant plus que celui-ci avait suivi Césarine à Dieppe. C’est au bout de trois mois seulement que, de retour à Paris, il avait appris le refus et la disparition de Marguerite. Il avait envoyé chez sa mère, elle y était retournée en effet ; mais, après une tentative de suicide, elle avait disparu de nouveau, et personne ne doutait dans le village qu’elle ne se fût noyée, puisque, disait-on, c’était son idée. Le marquis ajouta :
— Je ne dissimule pas ma faute et j’en rougis. C’est ce remords qui m’a rendu furieux naguère…
— Ne parlons plus de cela, dit Césarine. J’ai eu envers vous des torts qui ne me permettent pas d’être trop sévère aujourd’hui.
— D’autant plus, reprit-il, que vous êtes la cause… involontaire…
— Et très-innocente de votre mauvaise action ; je n’accepterais pas cette constatation comme un reproche mérité, mon cher ami. Si toutes les femmes dont le refus d’aimer a eu pour conséquence des aventures de ce genre devaient se les reprocher, la moitié de mon sexe prendrait le deuil ; mais tout cela n’est pas si grave, puisque Marguerite s’est consolée.
— Et puisqu’elle a réparé son égarement, ajoutai-je, par une conduite sage et digne ; je suis bien aise de savoir que le récit de M. de Rivonnière est exactement conforme au sien, et que mon neveu peut estimer sa compagne et lui pardonner.