Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/215

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bien que l’enfant reparût en elle, c’était plutôt la vue de la bague que la propriété de la terre.

En redescendant l’escalier, je rencontrai Paul, qui rentrait pour voir un instant sa famille, se promettant de retourner vite auprès du marquis. Césarine était rentrée chez elle avec son père. M. de Rivonnière n’allait pas mieux. À chaque instant, on craignait de le voir s’éteindre. M. Dietrich ne voulait pas laisser sa fille assister à cette agonie.

Je retrouvai Césarine fort agitée. Opiniâtre dans ses desseins (parfois en dépit d’elle-même), elle s’était arrangé une nuit d’émotions avec Paul au chevet du mourant. Rien ne la détournait de son but, et cependant elle pleurait sincèrement le marquis. Elle lui devait ses soins, disait-elle, jusqu’à la dernière heure. Elle ne pouvait pas être compromise par cette sollicitude. Les amis et les parents qui à cette heure entouraient le blessé savaient tous la pureté de son amitié pour lui, et ne pouvaient trouver étrange qu’elle mit à leur service son activité, sa présence d’esprit, son habileté reconnue à soigner les malades.

— Et quand même on en gloserait, disait-elle, c’est en présence d’un devoir à remplir qu’il ne faut pas se soucier de l’opinion, à moins qu’on ne soit égoïste et lâche. Je ne comprends pas que mon père ne m’ait pas permis de rester, sauf à rester avec moi, ce qui eût écarté toute présomption malveillante. On sait bien qu’il chérissait M. de Rivonnière ; on n’a pas su leur différend de quelques jours. Je le guetterai, et