Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/214

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une chose que je ne comprends pas, et que je ne pouvais pas deviner, moi.

Je fus bien tentée d’éclairer Marguerite sur les dangers personnels que lui faisait courir la protection de Césarine ; cependant pouvait-on se fier à la discrétion et à la prudence d’une personne si spontanée et si sauvage encore ? Sa jalousie éveillée pouvait amener des complications imprévues. Elle haïssait en imagination les rivales que son imagination lui créait. En apprenant le nom de la seule qui songeât à lui disputer son amant, elle ne se fût peut-être pas défendue de lui exprimer sa colère. Il fallait se taire, et je me tus. Je lui rappelai que Paul ne voulait l’intervention de qui que ce soit dans ses moyens d’existence, puisqu’il refusait même la mienne. Mademoiselle Dietrich était une étrangère pour lui ; il ne pouvait souffrir qu’une étrangère pénétrât dans son intérieur et fit comparaître Marguerite dans le sien pour lui dicter ses ordres.

— Donnez-moi les guipures, ajoutai-je, et l’argent que vous avez reçu d’avance ; je me charge de les reporter. Demain vous aurez la commande que je vous ai promise, et qui passera par mes mains sans qu’on vienne chez vous.

Elle fit résolument le sacrifice que j’exigeais. Je dois dire que, pour le reste, elle était vraiment heureuse et comme soulagée de ne rien devoir au marquis ; elle approuvait la sévérité de Paul, et, si elle regrettait en secret quelque chose, car il fallait