Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/222

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il être en nous un élément de corruption ? On a dit, il y a longtemps, que l’orgueil était la vertu des saints. Est-ce qu’en cherchant à sanctifier ma vie par la charité j’aurais perdu la modestie et la délicatesse ? Il faut qu’il y ait quelque chose comme cela, puisque je vous ai cruellement blessé. Entre l’orgueil qui offre et l’orgueil qui refuse, y a-t-il un milieu que ni vous ni moi n’avons su garder ? C’est possible, j’y songerai, monsieur Gilbert. Je vous sais gré de m’avoir fait cette lumière. Que voulez-vous ? on ne nous dit jamais la vérité à nous autres, les heureux du monde. Je comprends maintenant que j’ai dépassé mon droit en voulant m’intéresser au fils de mon amie malgré lui. J’ai cru que c’était par méfiance personnelle contre moi, et il est possible que j’aie pris ma vanité froissée pour un sentiment généreux. Soyez tranquille à présent sur mon compte, je n’agirai plus sans m’interroger sévèrement. Je n’aurai plus la coquetterie de ma vertu, je refoulerai mes sympathies, j’apprendrai la discrétion. Pardonnez-moi les soucis que je vous ai causés, monsieur Gilbert ; chargez-vous d’apaiser Pauline, qui m’en veut depuis qu’elle s’imagine… Oh ! sur ce dernier point, défendez-moi un peu, je vous prie ! Dites-lui de ne pas prendre ses songes pour des réalités. Dites à Marguerite que je désire sincèrement le succès de ses vœux les plus chers, car… vous m’avez donné une bonne et utile leçon, monsieur Paul ; mais vous devez reconnaître que vous pouvez aussi, à l’occasion, recevoir un bon conseil. Voici le mien : épousez Marguerite,