Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/221

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Vous avez voulu me forcer à me prosterner comme les autres, et vous avez travaillé à vous emparer de ma pauvre compagne. Vous eussiez réussi, si de mon côté je n’eusse fait bonne garde, et maintenant je vous dis ceci, mademoiselle Dietrich :

« Je ne vous devrai jamais rien ; vous n’allégerez pas mon travail, vous ne donnerez pas à manger à mon enfant, vous ne serez pas son médecin, vous ne vous emparerez pas de mon domicile, de mes secrets, de ma confiance, de mes affections. Je ne cacherai pas mon nid sur une autre branche pour le préserver de vos aumônes ; je vous les renverrai avec persistance, et, quand vous les apporterez en personne, je vous dirai ce que je vous dis maintenant :

» Si vous ne respectez pas les autres, respectez-vous au moins vous-même, et ne revenez plus. »

Toute autre que Césarine eût été terrassée ; mais elle avait mis tout au pire dans ses prévisions. Elle était préparée au combat avec une vaillance extraordinaire. Au lieu de paraître humiliée, elle prit son air de surprise ingénue ; elle garda le silence un instant, sans faire mine de s’en aller.

— Vous venez de me parler bien sévèrement, dit-elle avec cette merveilleuse douceur d’accent et de regard qui était son arme la plus puissante ; mais je ne peux pas vous en vouloir, car vous m’avez rendu service. J’étais venue ici par dépit et très en colère. Je m’en irai très-rêveuse et très-troublée. Voyons, est-ce bien vrai, tout cela ? Suis-je une enfant gâtée par le bonheur de faire le bien ? Le dévouement peut-