Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/23

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bien fâcheux, mademoiselle de Nermont, c’est malheureux, je vous assure !

— Si vous blâmez ma manière de voir, cher monsieur Dietrich, je regrette de n’avoir pas mieux connu la vôtre avant d’entrer chez vous ; mais…

— Mais vous voilà prête à me quitter, si je ne pense pas comme vous ? Toujours la femme avec sa tyrannique soumission ! Vous savez bien que vous me feriez un chagrin mortel en renonçant à la tâche qu’on a eu tant de peine à vous faire accepter. Vous savez bien aussi que je n’essayerais même pas de vous remplacer, tant il m’est prouvé que vous êtes l’ange gardien nécessaire à ma fille. Ce n’est pas sa tante qui saurait l’élever. D’abord elle est ignorante, en outre elle a les défauts de son sexe, elle aime le monde…

— Elle n’en a pourtant pas l’air.

— Son air vous trompe. Elle a d’ailleurs aussi à un degré éminent les vertus de son sexe : elle est laborieuse, économe, rangée, ingénieuse dans les devoirs de l’hospitalité. Ne croyez pas que je ne lui rende pas justice, je l’aime et l’estime infiniment ; mais je vous dis qu’elle aime le monde parce que toute femme, si sérieuse qu’elle soit, aime les satisfactions de l’amour-propre. Ma pauvre sœur Helmina n’est ni jeune, ni belle, ni brillante de conversation ; mais elle reçoit bien, elle ordonne admirablement un dîner, un ambigu, une fête, une promenade ; elle le sait, on lui en fait compliment, et plus il y a de monde pour rendre hommage à ses talents de ménagère et de majordome,