Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/24

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plus elle est fière, plus elle est consolée de sa nullité sous tous les autres rapports.

— Vous êtes un observateur sévère, monsieur Dietrich, et je crains que mon tour d’être jugée avec cette impartialité écrasante ne vienne bientôt ; cela me fait peur, je l’avoue, car je suis loin de me sentir parfaite.

— Vous êtes relativement parfaite, mon jugement est tout porté, vous gâterez Césarine d’autant plus. Ce ne sera pas par égoïsme comme les autres, qui regrettent le plaisir et rêvent de le voir repousser avec elle dans la maison ; ce sera par bonté, par dévouement, par tendresse pour elle, car elle a déjà, cette petite, des séductions irrésistibles…

— Que vous subissez tout le premier !

— Oui, mais je m’en défends ; défendez-vous aussi, voilà tout ce que je vous demande ; faites cet effort dans son intérêt, promettez-le-moi.

— Oui, certes, je vous le promets, si je vois qu’elle abuse de ma condescendance pour exiger ce qui lui serait nuisible ; mais cela n’est point encore arrivé, et je ne puis me tourmenter d’une prévision que rien ne justifie encore.

— Vous comptez pour rien sa résistance à mon désir de vendre l’hôtel ?

— Dois-je l’engager à se soumettre sans faiblesse à ce désir ?

— Oui, je vous en prie.

— Oserai-je vous dire que cela me semble cruel ?

— Non, car je ne le vendrai pas ; je veux faire semblant pour que Césarine