Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/252

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mieux, et qu’il se tenait à mes ordres pour le jour et l’heure que je lui fixerais.

— Et tu as fixé…

— Aujourd’hui, tout à l’heure ; je l’attends. Comme de coutume, Césarine m’avertissait à la dernière minute. Toute réflexion eût été superflue, deux heures sonnaient. Paul était très-exact ; on l’annonça.

J’observai en vain la marquise, aucune émotion ne se trahit ; elle ne lui reprocha point de n’avoir pas tenu sa promesse de venir la voir ; elle ne s’excusa point de n’avoir pas tenu celle qu’elle avait faite de revoir Marguerite. Elle ne lui parla que littérature et philosophie, comme si elle reprenait un entretien interrompu par un voyage. Quant à lui, calme comme un juge qui ne permet pas à l’homme d’exister en dehors de sa fonction, il lui rendit ainsi compte de son livre :

— Vous avez fait, sans paraître vous en douter, un ouvrage remarquable, mais non sans défauts ; au contraire ; les défauts abondent. Cependant, comme il y a une qualité essentielle, l’indépendance du point de vue et une appréciation plus qu’ingénieuse, une appréciation très-profonde de la question que vous traitez, je vous engage sérieusement à faire disparaître les détails un peu puérils et à mettre en lumière le fond de votre pensée. L’examen des effets est de la main d’un écolier et prend infiniment trop de place. Le jugement que vous portez sur les causes est d’un maître, et vous l’avez glissé là avec trop de modestie