Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/253

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et de défiance de vous-même. Refaites votre ouvrage, sacrifiez-en les trois quarts ; mais du dernier quart composez un livre entier. Je vous réponds qu’il méritera d’être publié, et qu’il ne sera pas inutile. Quant à la forme, elle est correcte et claire, pourtant un peu lâchée. J’y voudrais l’énergie froide, si vous voulez, mais puissante, d’une conviction qui vous est chère.

— Aucune conviction ne m’est chère, reprit Césarine, puisque j’ai fait ce travail avec indépendance.

— L’indépendance, reprit-il, est une passion qui mérite de prendre place parmi les passions les plus nobles. C’est même la passion dominante des esprits élevés de notre époque. C’est, sous une forme nouvelle, la passion de la liberté de conscience qui a soulevé les grandes luttes de vos pères protestants, madame la marquise.

— Vous avez raison, dit-elle, vous m’ouvrez la fenêtre, et le jour pénètre en moi. Je vous remercie, je suivrai votre conseil ; je referai mon livre, j’ai compris, vous verrez.

Il allait se retirer, elle le retint.

— Vous avez peut-être à causer avec votre tante, lui dit-elle. Restez, j’ai affaire dans la maison. Si je ne vous retrouve pas ici, adieu, et merci encore.

Elle lui tendit la main avec une grâce chaste et affectueuse en ajoutant :

— Je ne vous ai pas demandé des nouvelles de chez vous, j’en ai ; Pauline vous dira que je lui en demande souvent.