tenait-elle à lui faire voir qu’elle recevait Paul en compagnie de sa femme, ou bien, plus préoccupée de son dépit que de tout le reste, se trouvait-elle vengée par une nouvelle rencontre de Marguerite avec son séducteur sous les yeux de Paul ? Peut-être était-elle trop troublée pour savoir ce qu’elle voulait et ce qu’elle faisait ; mais, prompte à se dominer, elle sortit pour aller à la rencontre du marquis. Nous l’entendîmes qui lui disait de l’escalier à voix haute :
— Quelle bonne surprise ! Comment, guéri ? quand on nous écrivait que vous étiez plus mal…
— Valbonne est fou, répondit le marquis d’une voix forte et pleine, je me porte bien ; je suis guéri, vous voyez. Je marche, je parle, je monte l’escalier tout seul…
…Et entrant dans l’antichambre qui précédait le petit salon, il ajouta :
— Vous avez du monde ?
— Non, répondit Césarine, entrant la première ; des amis à vous et à moi qui partaient, mais qui veulent d’abord vous serrer les mains.
— Des amis ? répéta le marquis en se trouvant en face de Paul, qui venait à lui. Des amis ? je ne reconnais pas…
— Vous ne reconnaissez pas M. Paul Gilbert et sa femme ?
— Ah ! pardon ! il fait si sombre chez vous ! mon cher ami !…
Il serra les mains de Paul.
— Madame, je vous présente mon respect.