Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/312

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élevé : vous n’êtes pas fou, vous ne l’avez jamais été ; mais vous étiez fort railleur, et vous l’êtes encore ; vous me faisiez un tas de contes pour vous moquer de moi, et c’est une habitude que vous avez gardée. Moi, je me suis habitué à vous écouter et à ne rien croire de ce que vous me dites.

Le marquis parla encore bas ; puis, distinctement et raisonnablement :

— Mon ami, dit-il, je sens que ma tête va tout à fait bien, et que je vais dormir ; mais il faut que tu me rappelles ce que j’ai fait hier, je ne m’en souviens plus du tout.

— Et moi, je ne veux pas vous le dire, parce que vous ne dormiriez pas. Quand on veut bien dormir, il faut ne se souvenir de rien et ne penser à rien. Allons, couchez-vous ; demain matin, vous vous souviendrez.

— C’est comme tu voudras ; pourtant j’ai quelque chose qui me tourmente : est-ce que j’ai été méchant tantôt ?

— Vous ! jamais !

— Je ne t’ai pas brutalisé pendant que je souffrais ?

— Cela ne vous est jamais arrivé que je sache.

— Tu mens, Dubois ! Je t’ai peut-être frappé ?

— Quelle idée avez-vous là, et pourquoi me dites-vous cela aujourd’hui ?

— Parce qu’il me semble que je me souviens un peu, à moins que ce ne soit encore un rêve ; rêve ou non, embrasse-moi, mon pauvre Dubois, et va te coucher ; je suis très-bien.

Un quart d’heure après, nous entendîmes sa respiration