Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/315

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Césarine entra en l’entendant sangloter. Elle le trouva en robe de chambre, assis devant sa toilette et pleurant avec amertume. Elle l’embrassa et lui dit :

— Votre folie, c’est de vous croire fou ; vous n’en avez pas d’autre. Nous avons été trompés, vous avez votre raison. Qu’elle se trouble un peu à certaines heures de la nuit, c’est de quoi je ne m’inquiète plus à présent. Je me charge de vous guérir en restant près de vous pour vous consoler, vous distraire et vous prouver que je n’ai pas de meilleur et de plus cher ami que vous.

— Restez donc ! répondit-il en se jetant à ses genoux. Restez sans crainte et guérissez-moi ! Je veux guérir ; il faut que l’homme dont vous vous êtes déclarée la femme en vous montrant en public avec lui ne soit pas un insensé ou un idiot. Je vous serai soumis comme un enfant, et ma reconnaissance sera plus forte que ma passion, car je n’oublierai plus mes serments, et ce que j’ai juré, je le tiendrai ; soignez donc votre ami, votre frère, jusqu’à ce qu’il soit digne d’être votre protecteur.

C’était là que Césarine avait voulu l’amener, c’était en somme ce qu’elle pouvait faire de mieux, et elle l’avait fait avec vaillance. Elle s’installa chez son mari et me pria d’y rester avec elle. M. Dietrich retourna chez lui, et vint tous les jours dîner avec nous. Bertrand passa les nuits à surveiller toutes choses, toujours prêt à contenir le malade s’il arrivait à la fureur, bien que Dubois ne fût ni inquiet ni fatigué de sa tâche. En très-peu de jours, les accès, toujours plus faibles,