Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/316

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disparurent presque entièrement, et tout fit présager une guérison complète et prochaine. On fit des visites, on en rendit ; un bruit vague de démence avait couru. Toutes les apparences et bientôt la réalité le démentirent.

Je voyais Marguerite assez souvent, et je n’étais pas aussi rassurée sur son compte que sur celui du marquis. Elle allait toujours plus mal ; minée par une fièvre lente, elle n’avait presque plus la force de se lever. Paul voyait avec effroi l’impuissance absolue des remèdes. Après une consultation de médecins qui par sa réserve aggrava nos inquiétudes, Marguerite vit malgré nous qu’elle était presque condamnée.

— Écoutez, me dit-elle un jour que nous étions seules ensemble, je meurs ; je le sais et je le sens. Il est temps que je parle pendant que je peux encore parler. Je meurs parce que je dois, parce que je veux mourir ; j’ai commis une très-mauvaise action. Je vous la confie comme à Dieu. Réparez-la, si vous le jugez à propos. J’ai surpris une lettre qui était pour Paul ; je l’ai ouverte ; je l’ai lue, je la lui ai cachée, il ne la connaît pas ! Seulement laissez-moi vous dire qu’en faisant cette bassesse j’avais déjà pris la résolution de me laisser mourir, parce que j’avais tout deviné ; à présent lisez.

Elle me remit un papier froissé, humide de sa fièvre et de ses larmes, qu’elle portait sur elle comme un poison volontairement savouré. C’était l’écriture de Césarine, et elle datait d’une quinzaine.

« Paul, vous l’avez voulu. Je suis chez lui. Je le sauverai ; il est déjà sauvé. Je suis perdue, moi, car dès qu’il sera guéri, je n’aurai plus de motifs pour le