Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/56

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matin une étoffe que je trouve jolie et que je sais être du goût le plus nouveau. Elle sera peut-être critiquée par l’incomparable mademoiselle Dietrich ; mais je m’en moque, si elle vous plaît. Seulement je vous avertis que, si vous la retournez quand elle ne sera plus fraîche, je m’en apercevrai bien, et que je vous enverrai une toilette qui me ruinera.

» Pardonne-moi ma pauvre offrande, petite marraine, et aime toujours le rebelle enfant qui te chérit et te vénère.

« Paul Gilbert. »

Il me fut impossible de ne pas pleurer d’attendrissement en achevant cette lettre. Césarine me surprit au milieu de mes larmes et voulut absolument en savoir la cause. Je trouvais inutile de la lui dire ; mais comme elle se tourmentait à chercher en quoi elle avait pu me blesser et qu’elle s’en faisait un véritable chagrin, je lui laissai lire la lettre de Paul. Elle la lut froidement et me la rendit sans rien dire.

— Vous voilà rassurée, lui dis-je.

— Elle répondit oui, et nous passâmes à la leçon.

Quand elle fut finie :

— Votre neveu, me dit-elle, est un original, mais sa fierté ne me déplaît pas. Il a eu bien tort, par exemple, de croire que sa franchise eût pu me blesser ; elle serait venue comme un rayon de vrai soleil au milieu des nuages d’encens fade ou grossier que je respire à Paris. Il me croit sotte, je le vois