Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/55

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répondu que je n’avais pas le temps, c’est que je savais que, dans ces réunions, tous étaient plus on moins les obligés des Dietrich, et que j’y aurais porté malgré moi un sentiment d’indépendance qui eût pu se traduire par une franchise intolérable. Et vous eussiez été responsable de mon impertinence ! Voilà ce que je ne veux pas non plus.

» Restons donc comme nous voilà : moi, votre obligé à jamais. J’aurais beau vous rendre l’argent que vous avez dépensé pour moi, rien ne pourra m’acquitter envers vous de vos tendres soins, de votre amour maternel, rien que ma tendresse, qui est aussi grande que mon cœur peut en contenir. Vous, vous resterez ma mère, et vous ne serez plus jamais mon caissier. Je veux que vous puissiez retrouver votre liberté absolue sans jamais craindre la misère, et que vous ne restiez pas une heure dans la maison étrangère, si cette heure-là ne vous est pas agréable à passer.

» Voilà, ma tante ; que ce soit dit une fois pour toutes ! Je vous ai vue la dernière fois avec une petite robe retournée qui n’était guère digne des tentures de satin de l’hôtel Dietrich. Je me suis dit :

» — Ma tante n’a plus besoin de ménager ainsi quelques mètres de soie. Elle n’est pas avare, elle est même peu prévoyante pour son compte. C’est donc pour moi qu’elle fait des économies ? À d’autres ! Le premier argent dont je pourrai strictement me passer, je veux l’employer à lui offrir une robe neuve, et le moment est venu. Vous recevrez demain