Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/65

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que j’aurais pour ma propre sœur. Faites-moi des questions, c’est tout ce que je désire. Si vous n’êtes pas contente de moi, vous me le direz, vous me reprendrez. Tout ce qui viendra de vous me sera sacré. Je ne me révolterai pas.

— Avez-vous donc, comme on le prétend, la douceur des anges ?

— D’ordinaire, oui ; mais par exception j’ai des colères atroces.

— Que vous ne pouvez contenir ?

— C’est selon. Quand le dépit ne froisse que mon amour-propre, je le surmonte ; quand il me blesse au cœur, je deviens fou.

— Et que faites-vous dans la folie ?

— Comment le saurais-je ? Je ne m’en souviens pas, puisque je n’ai pas eu conscience de ce que j’ai fait.

— Mais quelquefois vous avez dû l’apprendre par les autres ?

— Ils m’ont toujours ménagé la vérité. Je suis très-gâté par mon entourage.

— C’est la preuve que vous êtes réellement bon.

— Hélas ! qui sait ? C’est peut-être seulement la preuve que je suis riche.

— En êtes-vous à mépriser ainsi l’espèce humaine ? N’avez-vous point de vrais amis ?

— Si fait ; mais ceux-là ne m’ayant jamais blessé, ne peuvent savoir si je suis violent.

— Cela pourrait cependant arriver. Que feriez-vous devant la trahison d’un ami ?

— Je ne sais pas.