Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/66

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— Et devant la résistance d’une femme aimée ?

— Je ne sais pas non plus. Vous voyez, je suis une brute, puisque je ne me connais pas et ne sais pas me révéler.

— Alors vous ne faites jamais le moindre examen de conscience ?

— Je n’ai garde d’y manquer après chacune de mes fautes ; mais je ne prévois pas mes fautes à venir, et cela me paraît impossible.

— Pourquoi ?

— Parce que chaque sujet de trouble est toujours nouveau dans la vie. Aucune circonstance ne se présente identique à celle qui nous a servi d’expérience. Ne voyez donc d’absolu en moi que ce que j’y vois moi-même, une parfaite loyauté d’intentions. Il me serait facile de vous dire que je suis un être excellent, et que je réponds de le demeurer toujours. C’est le lieu commun que tout fiancé débite avec aplomb aux parents et amis de sa fiancée. Eh bien ! si j’arrive à ce rare bonheur d’être le fiancé de votre Césarine, je serai aussi sincère qu’aujourd’hui, je vous dirai : « Je l’aime. » Je ne vous dirai pas que je suis digne d’elle à tous égards et que je mérite d’être adoré.

— Pourrez-vous au moins promettre de l’aimer toujours ? Êtes-vous constant dans vos affections ?

— Oui, certes, mon amitié est fidèle ; mais en fait de femmes je n’ai jamais aimé que ma mère et ma sœur ; je ne sais rien de l’amour qu’une femme pure peut inspirer.

— Que dites-vous là ? Vous n’avez jamais aimé ?