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Habituée de bonne heure à cette situation étrange et précaire, je ne m’en préoccupais nullement. Le présent était facile et doux. Ma bonne maman était d’une bonté angélique, et je ne prévoyais pas que je pusse la perdre.




XIV


Pourtant, sans que nous en fussions frappés, Marius et moi, elle s’affaissait de jour en jour. Son esprit restait net et sa volonté active ; mais sa vue baissait rapidement, et elle ne pouvait plus supporter les soins du ménage. Denise nous manquait beaucoup ; bien qu’elle eût très-mal gouverné la maison, elle avait dispensé ma grand’mère de plus d’une fatigue, et, quoique Frumence prolongeât les heures qu’il devait nous consacrer pour tenir désormais les comptes avec beaucoup d’ordre, il ne pouvait veiller à l’économie de l’intérieur. On ne m’avait jamais initiée à ces détails vulgaires si utiles, si nécessaires à une femme. Il était déjà tard pour que j’en prisse le goût, et j’étais encore trop jeune pour en avoir la notion vraie. Denise avait coutume de commander, un peu rudement, et