Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/102

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l’effet de ses criailleries avait été de m’inspirer une grande répugnance pour le commandement.

Ma bonne maman sentit le besoin d’associer une femme à son gouvernement, à la surveillance et aux soins que lui semblait réclamer ma précieuse petite personne, et à ceux dont elle-même avait grand besoin. Elle consulta l’abbé Costel, qui, soit discrétion, soit paresse, n’aimait pas beaucoup à s’immiscer dans les affaires d’autrui, et qui lui conseilla de s’en rapporter à Frumence.

— Frumence, disait-il, est plus pratique que moi, surtout depuis qu’il vit tous les jours près de vous et qu’il voit un peu le monde. Je crois qu’il connaît quelqu’un…

Frumence eut avec ma grand’mère un entretien à la suite duquel elle me parut émue et joyeuse.

— Frumence me procure un trésor, me dit-elle ; me voilà tranquille pour le reste de mes jours.

— C’est donc quelqu’un que vous connaissez, bonne maman ?

— Par ouï-dire, oui, ma petite ; c’est une personne qui s’attachera à vous, et que je vous prie d’aimer d’avance comme je l’aime aussi… sans la connaître.

— Viendra-t-elle bientôt ?

— Je l’espère, quoique Frumence ne soit pas encore bien certain de la décider.