Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/121

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Marius était probablement malade, qu’il fallait le laisser sortir pour se distraire. Marius était déjà sorti, si bien sorti, qu’on ne put le retrouver et qu’il ne revint pas le soir. Nous eussions été cruellement inquiets de lui, s’il ne nous eût fait dire, par un paysan rencontré sur son chemin, qu’il comptait passer la nuit à Toulon.

Le lendemain, ma grand’mère vit arriver le docteur Reppe, qui lui apprit que Marius était chez lui, dans sa bastide. Il l’avait rencontré allant à Toulon, et il l’avait empêché de faire un coup de tête, qui était de s’engager dans la marine.

— Vous avez peut-être eu tort de l’en dissuader, répondit ma grand’mère. L’enfant est devenu un homme qui ne peut plus rester ici à ne rien faire.

— Oui, oui, sans doute, reprit le docteur. Je sais la cause de son transport, et madame Capeforte, qui est diantrement fine, l’excellente femme, lui a fait avouer qu’il ne pouvait plus tenir en place. Nous lui avons conseillé de demander à M. de Malaval, votre parent, une occupation dans ses bureaux.

— Marius comptable ? s’écria ma grand’mère. Mais il a les chiffres en horreur !

— Bah ! on lui en fera faire très-peu, et on le prendra là comme surnuméraire pour lui donner le temps de jeter sa première gourme. C’est à vous