Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/163

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

tous les jours une bonne promenade, ce qui m’eût été un plaisir, si elle eût pu la faire avec moi ; mais, si un jour, par hasard, elle abandonnait ma grand’mère aux soins de miss Burns, elle était bien sûre de retrouver l’Anglaise endormie ou absorbée dans un coin du salon et ma pauvre bonne maman ; oubliée sur son fauteuil, rêveuse, attristée, ou en proie aux importuns.




XXIII


Il fallait donc me résigner à promener miss Agar, sauf à la voir s’endormir en marchant. Elle avait la prétention d’être intrépide et d’avoir gravi à pied toutes les montagnes de la Suisse et de l’Italie avec les jeunes ladies dont elle avait fait l’éducation ; mais apparemment elle avait eu dans ce temps-là plus de force et de courage, ou, de guerre lasse, elle avait suivi, pour cela comme pour tout le reste, les routes battues, car elle n’aimait pas du tout nos sentiers à pic et nos précipices, j’avais la méchanceté de la conduire aux endroits les plus accidentés, par les chemins les plus âpres, et, comme elle ne voulait pas avoir le démenti de son