Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/177

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dans le mien avec une intelligence pénétrante et une tendre sollicitude. Quand j’eus dit tous mes ennuis et toutes mes impatiences :

— Chère mademoiselle Lucienne, reprit-il, vous avez bien tort de ne pas dire tout cela hardiment et franchement à votre Jennie, qui le soumettrait à l’examen de votre bonne maman.

— Ma bonne maman est bien vieille, Frumence ! Elle est toujours aussi bonne et aussi occupée de mon bonheur ; mais elle est très-affaiblie, et la moindre inquiétude lui fait du mal. Jennie m’a tant recommandé de lui épargner les contrariétés, que maintenant je serais très-malheureuse sans oser le lui dire.

— Mais vous n’êtes pas très-malheureuse, n’est-ce pas ? reprit Frumence avec un bon et caressant sourire.

— Je ne sais pas, répondis-je ; peut-être que si ! Et, comme, en parlant de moi, j’en étais venue à m’intéresser à moi-même, il me vint deux larmes qui coulèrent sur les mains de Frumence.

Je ne l’aurais pas cru si sensible, ce grand garçon endurci à la peine et cuit par le soleil. Il eut comme un étouffement, et je le vis se détourner pour cacher son émotion. Alors, je redevins tout à fait la petite fille qu’il avait gâtée et qui s’était laissé gâter par lui. Je jetai mes bras autour de