Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/178

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son cou, et je pleurai dans son sein sans bien savoir pourquoi ; car miss Agar ne me maltraitait en aucune façon, et l’ingratitude de Marius ne m’avait jamais empêchée de dormir.

Comment Frumence m’eût-il comprise ? je me comprenais si peu moi-même ! Il essaya de me deviner, et il devina que j’avais besoin d’exister et de penser ; mais il dépassa la réalité : il crut que j’avais déjà besoin d’aimer et que j’aimais Marius.

— Calmez-vous, ma chère enfant, me dit-il reprenant tout à coup son ancien ton paternel. Allez prendre l’air du côté de la source pendant que je m’occuperai un peu de votre gouvernante. Je ne voudrais pas qu’elle vous vît pleurer, elle s’inquiéterait sans y rien comprendre. Je vais la mettre aux prises avec son thé, et mon oncle lui fera compagnie pendant que j’irai vous rejoindre et causer avec vous de vos petits chagrins.




XXV


Bien que le mot de petits chagrins me blessât un peu, je descendis un étage de la montagne, je m’assis à l’ombre d’un rocher, dont les capillaires