Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/185

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gard aussi longtemps qu’il put m’apercevoir, et reparaître ensuite de roche en roche, comme pour me surveiller. Je fus flattée de la sollicitude de Frumence, et je le pris dès lors très au sérieux.

— J’ai un véritable ami, me disais-je, je ne suis pas seule au monde.

Ingrate enfant que j’étais ! je m’étais apparemment un peu blasée sur l’incomparable affection de Jennie, ou je m’étais habituée à croire qu’elle m’était due. Il me fallait du nouveau, et j’en faisais avec la vieille amitié oubliée de Frumence.




XXVI


Jennie hésita beaucoup à m’accompagner aux Pommets le dimanche suivant, et je m’en étonnai. Il me fallut lui dire que Frumence voulait lui parler de moi, et que tout n’allait pas dans ma vie aussi bien qu’elle le pensait. Quand j’eus réussi à l’inquiéter, je refusai de m’expliquer, disant que cela regardait Frumence. Elle se décida, après avoir fait promettre au docteur de venir déjeuner avec ma grand’mère et de lui tenir compagnie jusqu’à ce que nous fussions rentrées.