Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/186

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Quand nous eûmes déjeuné nous-mêmes chez Frumence avec le curé, Frumence me fit signe d’aller au jardin avec son oncle, et il causa une demi-heure avec Jennie ; après quoi, ils revinrent à moi, et le curé nous quitta. Jennie avait sa figure calme et décidée de tous les instants. Frumence était ému, et ses yeux brillaient extraordinairement. Il prit mes bras et les plaça autour du cou de Jennie en me disant :

— Aimez-la bien, car vous êtes tout pour elle.

— M. Frumence a raison, répliqua Jennie en m’embrassant. Vous passez et vous passerez toujours avant tout ; mais que ne me disiez-vous, méchante enfant, que cette Anglaise vous était si désagréable ?

— Je te l’ai dit, ma Jennie. Tu me répondais : « Vous vous y ferez. » Tu vois bien qu’il a fallu que Frumence s’en mêlât.

— Il m’a dit des choses que je ne savais pas. Allons, nous ferons ce qu’il dit. Vous patienterez ; vous ne lirez plus les livres que vous ne connaissez pas, mais ceux qui sont là et que nous allons emporter. La bonne maman changera tout doucement la gouvernante, ça ne se fait pas du jour au lendemain, et, en attendant, vous vous gouvernerez un peu vous-même ; vous l’avez promis. Vous ne vous casserez pas le cou à cheval, et puis…