Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/194

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Naples, enchantée de revoir le Vésuve et nullement désolée de quitter notre vilain pays. Son départ fit si peu de vide chez nous, qu’on s’en aperçut à peine ; mais j’éprouvai une certaine inquiétude quand Jennie me déclara qu’il lui devenait presque impossible de quitter ma bonne maman, qu’on n’avait pas encore trouvé de gouvernante, et que je ne pourrais plus aller à la messe le dimanche. Je ne tenais pas à la messe. Denise m’avait éloignée de la dévotion pour toujours. J’étais chrétienne, et Frumence faisait bien de me cacher son athéisme, j’en eusse été fort scandalisée ; mais je ne me serais pas crue damnée pour manquer aux offices, et je sentais qu’il fallait y manquer plutôt que de négliger le soin de ma grand’mère.

Mais renoncer à mes entretiens du dimanche avec mon savant ami, c’était un chagrin véritable, et je me pris à regretter miss Agar.

Il me fallait pourtant de l’exercice, et, dès que Jennie me vit un peu pâle, elle s’alarma et décida que je monterais à cheval pour manéger Zani dans la prairie, sous les yeux de Michel. Il y avait un autre cheval pour Michel, et il le monta pour mieux diriger mes leçons d’équitation. La prairie m’ennuya vite, et il me fut permis de galoper un peu avec mon écuyer sur le