Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/208

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toute liberté de conscience. Il ne se cache pas d’être ainsi ; vous l’avez entendu causer, vous l’avez vu agir, et je crois même que vos croyances sont un reflet assez fidèle des siennes.

— C’est vrai, Frumence. Il m’est impossible de damner personne, et je dois dire que M. Costel ne m’a ni prescrit ni défendu de le faire. Je crois qu’il a des doutes sur bien des choses, mais je ne sais véritablement pas lesquelles.

— Et vous voulez lire, vous enfant, dans la conscience austère d’un vieillard qui a passé sa vie à peser le pour et le contre !

— Non, certes, répondis-je, intimidée du ton sévère de Frumence. Il ne s’agit pas de l’abbé Costel, que je respecte sans arrière-pensée, du moment qu’il est vraiment chrétien. Il s’agit…

— Il s’agit de moi qui ne le suis pas ?

— Eh bien, oui, répondis-je avec quelque vivacité, car je me trouvais offensée par sa réserve un peu dédaigneuse. Vous m’avez appris à raisonner, je raisonne, et vous avez promis de me répondre.

— Je ne vous ai nullement promis de vous dire mes opinions personnelles, reprit-il avec un peu de vivacité aussi, et je vous trouve trop curieuse à cet égard-là. Il s’agissait de savoir si un homme que vous supposez athée et qui peut l’être fait une bassesse ou une profanation en se prêtant à