l’esprit ou des excès de vitalité dans l’imagination, qui jettent dans le rêve. La raison consiste à s’abandonner le moins possible à cette sorte de désœuvrement de la pensée, car c’est le domaine de l’illusion, et l’illusion, c’est du temps qu’on perd pour la sagesse. Un bon esprit accorde très-peu d’instants et très-peu de confiance à la rêverie. Il la change vite en méditation, et la méditation, c’est la recherche des choses nettes et vraies. Me comprenez-vous bien ?
— Oui, je crois : vous voulez m’empêcher de devenir romanesque ?
— Vous l’avez été !
— Je ne le suis plus. J’ai pris avec vous le goût de la force et de la raison ; mais, si vous voulez que je continue, il ne faut pas être romanesque vous-même.
— Merci de la leçon, ma chère philosophe ! Je l’ai été apparemment pendant cinq minutes, il y a une quinzaine de jours ; mais, comme je l’avais absolument oublié, c’est absolument comme si cela ne m’était jamais arrivé. Notre esprit est quelquefois un malade en délire dont l’homme bien portant n’est pas responsable.