Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/245

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d’une révélation, et je ne sus rien répliquer ; j’avais voulu lui arracher son secret, un secret de patience et de ténacité où j’entrevoyais, au-dessus des forces du stoïque, une flamme mystérieuse plus belle encore que la philosophie. L’amour, ce fantôme aperçu et repoussé, passait devant mes yeux, et m’inspirait je ne sais quel respect mêlé d’effroi, peut-être de regret !




XXXII


Marius vint jeter des lazzi sur cette émotion. Je quittai les Pommets, surprise et recueillie, et Marius fit de vains efforts ce jour-là pour me distraire. J’étais résolue à soumettre Jennie à la même épreuve que Frumence. Avant de suivre le froid chemin que m’ouvrait l’ironie de Marius, je voulais savoir si l’amour existe à l’état de grandeur morale dans une âme élevée, et si une femme peut aimer un homme sans ressembler à la langoureuse Galathée.

Dès le soir même, enfermée avec Jennie, je provoquai sa confiance, mais avec beaucoup plus d’embarras que je n’en avais eu avec son fiancé. Il