Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/282

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

voyant que j’étais bouleversée et sachant que Marius était positif, crut devoir lui indiquer à demi-voix une consolation à me donner.

— Allons, allons ! lui dit-il, puisqu’elle a si peu connu son père (il tenait à ce que je l’eusse connu un peu), dites-lui donc qu’elle va être très-riche. Il laisse de son second mariage une demi-douzaine de petits Anglais, mais on assure qu’il laisse aussi une demi-douzaine de millions sterling.

— Vous n’en savez rien du tout, reprit M. Barthez ; mais Lucienne est fort peu sensible à l’argent, et ce n’est pas le moment de lui en parler.

Je lui serrai la main et je rentrai avec Marius au salon, où ma grand’mère dormait toujours, appuyée sur l’épaule de Jennie, tandis que l’abbé, aidé de Frumence, continuait à rédiger cette lettre solennelle destinée à un mort.

Le contraste de cette tranquillité d’occupation dans le demi-jour de l’appartement avec le tableau tragique que la mort de mon père présentait à mon imagination m’ôta la force de parler. J’allai m’asseoir près de ma grand’mère pour relayer Jennie, à qui je fis signe d’aller auprès de la table, où Marius lui apprit, ainsi qu’à l’abbé et à Frumence, de quelle lugubre façon le consentement de mon père venait de nous arriver.

— Qui est-ce qui est mort ? dit tout à coup ma