Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/291

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pas reçu les lettres qui lui en donnaient avis. Il a agi à peu près de même lors de la recouvrance de Lucienne : il ne s’en est jamais réjoui que sous bénéfice d’inventaire, et en aucun temps il ne l’a appelée sa fille. Il y a même des lettres de lui — je les ai toutes chez moi et je les ai relues avant de venir vous trouver — où il parle d’elle comme d’une fantaisie, c’est son expression.

— Comment puis-je être une fantaisie ? demandai-je à M. Barthez, stupéfaite d’étonnement.

— Vous seriez un enfant quelconque que madame de Valangis aurait eu la fantaisie d’élever comme sa petite-fille pour se consoler de l’avoir perdue.

— Vous n’aviez jamais fait part de ces détails à Lucienne ni à moi ! reprit Marius rêveur.

— Ils eussent été gratuitement pénibles. Madame de Valangis ne les a confiés qu’à moi, et vous ferez sagement l’un et l’autre de n’en parler jamais à personne. Les choses sont changées aujourd’hui, et je ne vois guère que la veuve Woodcliffe qui pourrait vous chercher noise. Mais à quoi bon ?

— Qui appelez-vous la veuve Woodcliffe ?

— La riche veuve que M. de Valangis a épousée en secondes noces, et qui, ne le trouvant sans doute pas assez grand seigneur, a continué à s’ap-