Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/294

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gronda un peu Marius de ce manque de ménagement, et, me parlant avec affection, il me fit entendre qu’au fond je pouvais redouter quelque chose de grave. J’appris donc là sérieusement pour la première fois que je pouvais être une étrangère pour ma bonne maman, un enfant supposé pour lui extorquer de l’argent, la fille d’un bohémien, d’un voleur de grand chemin peut-être !

Je refoulai mes sanglots, et, m’adressant à Marius :

— Eh bien, veux-tu toujours m’épouser ? lui dis-je.

— Tu as ma parole, une parole ne se reprend pas.

Il disait cela d’un ton si froid, que je me sentis sommée par lui de faire mon devoir comme il faisait le sien.

— Ne reprends pas ta parole, lui dis-je avec énergie, moi, je te la rends. En présence de Dieu et en présence de M. Barthez, je romps nos engagements.

Ce n’était pas ce que voulait Marius, du moins dans ces termes-là. Rien ne prouvait que je ne fusse pas mademoiselle de Valangis et que je dusse me voir contester mon nom et mon héritage, Marius eût voulu un engagement éventuel, et M. Barthez me le suggérait ; mais j’étais découra-