Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/304

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— Je ne sais pas, mais je crois qu’il faut lui dire la vérité.

— Il deviendra mon ennemi et peut-être mon détracteur.

— C’est possible, et il est certain qu’il aura le droit de vous accuser de caprice.

— Si tu me blâmes, c’est que je suis blâmable, et, dès lors, je dois me sacrifier, épouser Marius quand même !

— Non, Lucienne. Dans le mariage, on ne se sacrifie pas tout seul ; on rend malheureux malgré soi celui qu’on n’aime pas. Je ne comprends pas pourquoi, ayant toujours eu, comme vous le dites, une méfiance contre Marius, vous avez été jusqu’à la veille de l’épouser. Vous avez eu là une idée surprenante, et je n’aime guère les idées que je ne peux pas expliquer. Si c’est une faute que vous avez commise contre vous-même, il faut vous attendre à l’expier. Vous aurez un ennemi, puisque vous vous êtes trompée d’ami ; mais il vaut mieux cela que de se marier avec déplaisir. Ce serait une plus grande faute, et le châtiment serait sans remède : il tomberait sur l’innocent et sur le coupable.

— C’est Marius qui est l’innocent selon toi ?

— Eh ! mon Dieu, oui, puisqu’il est le moins raisonneur et le moins intelligent de vous deux.