Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/315

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

mineurs, pour discuter et soutenir leurs intérêts en France. Je ne viens donc pas en France pour parler contre vous, mademoiselle Lucienne, mais pour parler avec vous et vous apporter les propositions de madame la marquise.

— Si vous venez pour parler avec mademoiselle de Valangis, répondit Frumence, qui avait lu mes émotions sur mon visage, elle doit désirer que ce soit dans les termes d’une parfaite déférence réciproque, et je me permettrai de vous faire observer qu’en France, à moins d’une certaine intimité de famille ou d’affection sérieuse, on n’interpelle pas une jeune personne par son nom de baptême.

M. Mac-Allan sourit avec beaucoup de finesse, et je remarquai sur sa physionomie le contraste fréquent d’une bouche ironique avec un regard limpide, ouvert et bienveillant. Il m’était impossible de me prononcer entre la crainte et la sympathie que cet homme devait m’inspirer. Il hésita quelques instants à répondre, comme pour me préparer au coup qu’il allait me porter ; puis il prit son parti comme quelqu’un que l’on soulage en faisant appel à sa franchise.

— Vous allez vite, monsieur, dit-il, mais vous allez droit au but, et je ne veux pas m’en plaindre puisque j’ai désiré qu’il en fût ainsi. Vous touchez