les rochers situés en amont. Cette Salle verte était un petit cirque de rochers à pic couverts de végétation, où la Dardenne arrivait en cascatelles sur de gros blocs disposés avec une grâce sauvage, s’arrêtait tranquille pour former un tout petit lac, et sortait en recommençant à bondir et à gronder. C’était un délicieux endroit, mais où il ne fallait pas s’endormir en temps d’orage, car une crue subite du torrent pouvait vous couper la retraite par l’une et l’autre issue. Il m’était défendu d’y aller seule ; aussi, dès que j’étais seule, je ne manquais pas d’y aller.
Au-dessous du château et en aval de la Salle verte, nous avions un vieux moulin alimenté par un canal d’origine moresque et toujours bien entretenu, qui nous amenait les eaux de la belle source de la Dardenne. Le torrent de la Salle verte n’en était que le trop-plein. Ce canal, réuni plus bas au torrent, formait une véritable rivière qui allait faire tourner d’autres moulins dans la direction de Toulon. Toute la gorge, fortement inclinée vers la mer, descendait en étages de plus en plus spacieux. Au pied de la longue et imposante montagne du Pharon, du point où nous étions, nous dominions un paysage immense de profondeur, resserré dans de hautes et fières collines, et terminé par une muraille d’azur, la Méditerranée