Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/58

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collerette empesée, les pieds si cambrés dans ses petites guêtres à boutons brillants, enfin il était si joli, si poli, si peigné au moral et au physique, qu’il m’inspira d’emblée la plus haute estime et le plus profond respect.

— C’est un vrai gentilhomme ! dit ma grand’mère à Denise lorsqu’il lui eut débité son compliment d’arrivée, tout pareil à celui qu’il m’avait débité à moi-même ; je vois qu’il est élevé à ravir, et qu’il ne nous donnera point d’embarras. Mais au fond de son cœur ma grand’mère pensait peut-être qu’il eût mieux fait de se jeter dans ses bras sans lui rien dire, et de pleurer avec elle au souvenir de sa mère, morte si récemment.




VIII


Je ne fis pas cette réflexion. Piquée d’émulation par les belles manières de mon petit-cousin, je voulus lui prouver que je n’étais pas une sotte campagnarde, et je me mis à lui faire les honneurs de chez nous avec une solennité pleine de grâce. Nous étions l’un et l’autre parfaitement ridicules. Ma grand’mère avait trop de bon sens