Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/66

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— Conseillez-le donc dans son intérêt, dit ma grand’mère à l’abbé Costel.

— Son instinct, ma chère dame, répondit philosophiquement le curé, c’est d’avoir le moins d’ennuis possible en ce triste monde, et je crois que la difficulté d’instruire monsieur votre neveu peut devenir un chagrin pour lui, s’il échoue, et si l’enfant, comme il est possible, le prend en aversion.

— Vous avez raison, mon oncle, s’écria M. Frumence. Je redoute cela par-dessus tout.

— Et vous avez tort, reprit ma grand’mère. Marius est fort doux, et, s’il n’est pas aussi intelligent que je l’aurais cru, vous serez peut-être dédommagé par ma petite-fille, qui a bonne envie d’apprendre, et qui n’est pas du tout sotte.

Ici la physionomie de Frumence changea d’expression si brusquement, que j’en fus surprise. Il me regardait avec ses gros yeux noirs, devenus brillants, et une rougeur subite empourprait son teint bilieux.

— Est-ce que,… murmura-t-il en me regardant toujours, est-ce que j’aurais aussi l’honneur… et le plaisir de donner des leçons à mademoiselle Lucienne ?

— Mais certainement, répondit ma grand’mère. Elle en sera reconnaissante, et elle y fera honneur.