Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/82

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probablement une des sources les plus abondantes, mais la plus inutile, puisqu’elle manque d’issue habituelle. Un jour peut venir où on essayera de creuser un canal souterrain du lit inférieur de la Dardenne au niveau de cette source. J’y suis venu souvent, j’y ai fait des expériences avec mon oncle, et nous avons constaté qu’en temps de sécheresse il y a toujours dans ce puits une énorme quantité d’eau improductive qui pourrait alimenter une ville comme Toulon ; mais il faudrait découvrir, pour percer la puissante base de cette montagne, des forces supérieures à celles dont les hommes peuvent disposer maintenant sans de trop grosses dépenses de temps et d’argent[1].

Frumence, voyant que j’étais rêveuse, me proposa de faire l’herbier de la salle du Régas, et je l’aidai à remplir sa boîte de nigelles de damas dont les fleurs bleu de ciel, montées sur de hautes tiges grêles, étoilaient le sol, d’échantillons de cytise, de coronille joncée, de saponaire ocymoïde, de myrte, d’arbousier, de lentisque, de pin maritime, de smilax, de cyste et de lavande. Nous prîmes

  1. Frumence prophétisait ; aujourd’hui, la vapeur est venue en aide à la force humaine, et on est en train de faire ce que Frumence regardait comme utile et comme possible. (Note de l’éditeur.)